Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/241

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À ce moment la femme rousse, ses mains tachées de rousseur, enfoncées dans son épaisse tignasse et se grattant la tête avec ses ongles, s’approcha des aristocrates, qui continuaient à déguster leur eau-de-vie.

— Veux-tu, Catherine, que je te dise ce qu’il faut faire ? — dit-elle. — Tout d’abord tu dois écrire : Je suis mécontente du jugement, puis le déclarer au procureur.

— Qu’est-ce que tu nous chantes ? — dit Korableva de sa voix de basse irritée. — Voyez-vous cette espèce, qui a reniflé l’eau de-vie ! Inutile de nous faire la leçon ; on sait ce qu’il y a à faire ; on n’a pas besoin de toi.

— Est-ce qu’on te parle à toi ? De quoi te mêles-tu ?

— C’est l’eau-de-vie qui te tente, hein ; alors tu fais le bon apôtre !

— Allons, verse lui un verre, — dit Maslova toujours généreuse.

— Attends un peu, tu vas voir ce que je vais lui verser !

— Quoi ? quoi ? Je ne te crains pas ! — s’écria la femme rousse en marchant sur Korableva.

— Peau de prison !

— Peau de prison, toi-même.

— Triple molle !

— Moi, triple molle ? Vermine de bagne ! cria la rousse.