Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/245

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cette eau-de-vie, qui lui faisait si grande envie. Elle pleurait encore parce qu’elle n’avait subi, dans toute sa vie que des injures, des rebuffades, des humiliations et des coups. Elle avait cru se consoler par le souvenir de son premier amour, le jeune ouvrier Fédka Molodenkov. Elle s’était bien souvenue du commencement, mais aussi de la fin. Cet amour avait fini ainsi : Molodenkov, ivre, l’avait aspergée de vitriol à l’endroit le plus sensible, et s’était amusé avec ses camarades, en la voyant se tordre de douleur. Elle se rappelait cela, et, pleine de tristesse, croyant n’être entendue de personne, elle s’était mise à pleurer, comme les enfants, en reniflant et buvant ses larmes salées.

— C’est pitié, murmura Maslova.

— C’est vrai, c’est pitié, mais elle n’a qu’à ne pas s’y frotter.