Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/289

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les hommes, de les emprisonner ; de les martyriser, de les dégrader, de leur infliger toutes sortes de supplices, comme on le faisait ici, mais encore toutes violences, disant qu’il était venu pour libérer les prisonniers.

Aucun des assistants n’avait songé que ce qui se commettait ici était le plus énorme blasphème et une raillerie envers ce même Christ, au nom duquel tout cela se commettait. Personne n’avait songé que la croix dorée, à médaillons émaillés, apportée par le prêtre et baisée par les fidèles, n’était autre chose que la reproduction de la potence sur laquelle Christ fut supplicié, précisément parce qu’il avait interdit ces mêmes actes qui se commettaient ici, en son nom. Personne n’avait songé que les prêtres, qui s’imaginent manger la chair et boire le sang du Christ sous les apparences du pain et du vin, en effet, mangent sa chair et boivent son sang, et cela, non sous les apparences des petits morceaux de pain et du vin, mais parce que non seulement ils induisent en erreur les humbles avec lesquels Christ s’est identifié, mais encore leur font perdre le plus grand bien et les jettent dans les plus cruelles souffrances en leur cachant la révélation de la vérité qu’il leur avait apportée.

Le prêtre procédait à la cérémonie avec une conscience tranquille, parce que, dès l’enfance, on lui avait inculqué que c’est la véritable et unique