Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/314

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il ne désirait rien pour lui-même, mais uniquement qu’elle cessât d’être telle qu’il la voyait maintenant, pour redevenir telle qu’il l’avait vue jadis.

— Katucha, pourquoi me parler ainsi. Tu sais bien que je te connais, que je me souviens de ce que tu étais à Panovo…

— À quoi bon éveiller les vieux souvenirs — répondit-elle sèchement.

— Je me souviens de tout cela pour effacer, pour réparer ma faute, Katucha, — poursuivit-il ; et il allait lui dire qu’il était prêt à l’épouser, mais il rencontra son regard et y lut quelque chose de si terrible, de si vil, de si repoussant, qu’il ne trouva pas la force d’achever.

À ce moment, les visiteurs commencèrent à sortir. Le sous directeur s’approcha de Nekhludov et l’informa que le moment était venu de clore l’entretien. Maslova se leva, attendant avec résignation le moment de se retirer.

— Au revoir ; j’ai encore bien des choses à vous dire, mais, comme vous voyez, maintenant on ne peut pas ; — dit Nekhludov en lui tendant la main. — Je reviendrai vous voir.

— Vous avez tout dit, il me semble…

Elle lui toucha la main, mais ne la serra pas.

— Non ; mais je tâcherai d’obtenir l’autorisation de vous voir plus librement, et alors je vous dirai la chose très importante que j’ai à vous dire, — fit Nekhludov.