Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/397

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— Le printemps est si beau ; il doit faire bon à la campagne.

Missy, en chapeau et robe à rayures sombres qui dessinait merveilleusement sa taille fine et dans laquelle elle semblait être née, était très belle. Elle rougit en apercevant Nekhludov.

— Je vous croyais parti, — dit-elle.

— Presque parti, — répondit Nekhludov. — Ce sont les affaires qui me retiennent encore. Et même ici, je suis venu pour affaires.

— Venez voir maman. Elle désire beaucoup vous voir, — dit-elle, et consciente de ce qu’elle mentait et qu’il le sentait aussi, elle devint plus rouge encore.

— Je crains de n’avoir pas le temps, — répondit Nekhludov d’un ton morne, et feignant de ne pas remarquer sa rougeur.

Missy fronça les sourcils, haussa les épaules, et se retourna vers l’élégant officier qui prit de ses mains sa tasse vide et, en accrochant son sabre aux fauteuils, la porta courageusement à l’autre table.

— Vous aussi, vous devez souscrire pour notre refuge.

— Mais je ne m’y refuse pas, seulement je veux me réserver pour la tombola. Là je me montrerai dans toute ma générosité.

— Bien, nous verrons, — repartit une voix qui riait faux.