Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/408

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chose…, — dit-elle ; puis elle s’arrêta, et il vit qu’elle faisait un grand effort pour retenir ses larmes.

— Eh bien ! Avez-vous vu Menchov ? — dit-elle tout à coup, comme pour cacher son émotion. — N’est-ce pas que ces gens-là sont innocents ?

— Oui, je le crois.

— Si vous saviez quelle excellente vieille, — dit-elle.

Il lui raconta en détail tout ce qu’il avait appris de la bouche de Menchov, puis, revenant à elle, il lui demanda si elle n’avait besoin de rien.

Elle répondit qu’elle n’avait besoin de rien.

Ils se turent de nouveau.

— Quant à l’infirmerie, — reprit-elle brusquement en le regardant de ses yeux loucheurs ; — soit, si vous le désirez, j’irai ; et du vin aussi, je n’en boirai plus…

Sans rien dire, Nekhludov la regarda dans les yeux. Ses yeux souriaient.

— C’est très bien, — il ne put dire davantage et prit congé d’elle.

« Oui, oui, elle est devenue tout autre ! » — songeait-il, éprouvant après les doutes des journées précédentes, un sentiment tout nouveau : l’assurance en l’invincibilité de l’amour.


De retour dans sa salle puante, après cette visite, Maslova ôta sa capote, et s’assit sur son