Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/410

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dans leurs chaussons, chacune portant un pain blanc sous le bras ; quelques-unes en ayant deux. Fédosia s’approcha aussitôt de Maslova.

— Eh bien, qu’est-ce qui cloche ? — demanda-t-elle avec tendresse en levant sur Maslova ses clairs yeux bleus. — Et voici pour notre thé, — ajouta-t-elle en rangeant les pains sur la planchette.

— Et alors, il ne veut plus se marier ? — demanda Korableva.

— Non, il n’a pas changé d’avis ; c’est moi qui ne veux pas, — répondit Maslova.

— En voilà une sotte ! — déclara Korableva, de sa voix de basse.

— Eh bien, puisqu’ils ne peuvent pas vivre ensemble, à quoi bon se marier ? — objecta Fédosia.

— Mais toi-même, ton mari va bien au bagne avec toi, — remarqua la garde-barrière.

— Oui, mais nous étions déjà unis par la loi, — dit Fédosia. — Mais lui, à quoi bon se marier s’il ne doit pas vivre avec elle.

— Quelle sotte ! À quoi bon ? Mais s’il se marie, il la couvrira d’or.

— Il m’a dit : où l’on t’enverra, j’irai avec toi, — dit Maslova. — S’il vient, qu’il vienne ; s’il ne vient pas ce n’est pas moi qui le lui demanderai… Il part à présent pour Pétersbourg, — reprit-elle. Il va s’occuper de mes affaires. Là-bas, il est parent de