Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/80

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ne pouvait être le fait que de Lubka, lorsqu’elle était venue chercher l’argent avec la clef donnée par le marchand. »

À ce passage de l’acte d’accusation Maslova tressaillit et, bouche bée, regarda Botchkova.

« Lorsqu’on montra à Euphémie Botchkova son reçu de la Banque, de 1.800 roubles, — continuait à lire le greffier, — et qu’on lui demanda d’où elle tenait tant d’argent, elle déclara qu’elle l’avait gagné pendant douze ans de service, en commun avec Simon, qu’elle avait l’intention d’épouser.

« Interrogé à titre d’accusé, Simon Kartinkine a avoué, dans un premier interrogatoire, que lui et Botchkova ayant été incités par Maslova, venue de la maison de tolérance avec la clef, il avait volé l’argent et l’avait partagé avec Maslova et Botchkova ; il a avoué également avoir donné à Maslova la poudre pour endormir le marchand. Mais, au deuxième interrogatoire, il a nié sa participation au vol et le fait d’avoir remis de la poudre à Maslova, rejetant tout sur cette dernière. Quant à l’argent déposé à la Banque par Botchkova, il a déclaré comme elle qu’ils l’avaient gagné ensemble pendant leur service de dix-huit ans à l’hôtel, grâce aux pourboires donnés par les clients.

« Afin de faire la lumière sur les circonstances de cette affaire, on a jugé nécessaire de faire l’autopsie du corps de Smielkov et d’examiner le contenu de ses viscères ainsi que les modifications survenues