Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/100

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disposée à mon égard ou est-ce le contraire ? » se demandait Nekhludov sans pouvoir résoudre ces questions. La seule chose qu’il savait, c’est qu’elle était différente, qu’en elle s’était accompli un profond changement, grâce auquel il se trouvait non seulement en communion avec elle, mais encore avec Celui au nom de qui s’opérait ce changement. Et la conscience de cette communion le remplissait de joie et d’attendrissement.

De retour dans la salle où se trouvaient huit lits d’enfants, Maslova, sur l’ordre de la sœur, s’était mise à faire les lits, et, en se penchant trop en avant sur les draps, elle glissa et faillit tomber. Un garçon convalescent, au cou bandé, qui la regardait, se mit à rire, et Maslova, ne pouvant se contenir davantage, s’assit sur le lit, partit d’un franc éclat de rire, si contagieux qu’il gagna les autres enfants.

La sœur en fut irritée contre elle.

— Pourquoi hurles-tu ainsi ? dit-elle à Maslova. Te crois-tu encore là-bas, où tu étais ? Va chercher les portions.

Maslova se tut, prit la vaisselle et alla où on l’envoyait ; mais ayant échangé un nouveau regard avec le gamin à qui il était défendu de rire, elle se remit à pouffer.

Dans la journée, dès qu’elle se trouvait seule, Maslova tirait de l’enveloppe la photographie et y jetait un regard, mais seulement le soir, son ser-