Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait déclaré qu’il pouvait partir, s’il le désirait, et qu’il le reniait pour son fils. Depuis ce jour il parut oublier qu’il avait un fils, et chez lui, nul n’osait lui en parler. Néanmoins Wladimir Vassilievitch était convaincu qu’il savait organiser parfaitement sa vie de famille.

Wolff accueillit Nekhludov avec son sourire aimable, légèrement moqueur (par lequel il exprimait ses sentiments d’homme comme il faut, vis-à-vis du commun des mortels). Il s’arrêta, dans sa promenade, au milieu de son cabinet, salua Nekhludov, et lut la lettre.

— Asseyez-vous, je vous en prie, et excusez-moi. Si vous le permettez, je continuerai à marcher, dit-il, en mettant les mains dans les poches de son veston, et reprenant à petits pas légers sa marche en diagonale à travers son grand cabinet de style sévère. Très heureux de faire votre connaissance, et, bien entendu, d’être agréable au comte Ivan Mikhailovitch, reprit-il après avoir lancé une colonne de fumée bleue et parfumée, et retiré avec précaution son cigare de sa bouche afin que la cendre ne s’en détachât pas.

— Je voudrais seulement vous prier de faire venir l’affaire le plus vite possible, de sorte que si l’accusée doit aller en Sibérie, son départ ait lieu au plus tôt, dit Nekhludov.

— Oui, oui, par les premiers bateaux de Nijni ; oui, je sais, dit Wolff avec un sourire indulgent,