Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/176

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extérieure du culte qu’il ne pouvait éviter. Là il lui fallait donc ou feindre (ce que lui interdisait la droiture de son caractère), ou tenir pour mensongères ces formes extérieures du culte et organiser sa vie de telle sorte qu’il ne fût pas obligé de participer à ce qu’il tenait pour mensonge. Mais ce qui semblait si peu de chose à faire exigeait beaucoup : sans parler de la lutte qu’il aurait eu à soutenir contre tous ses proches, il eût dû renoncer entièrement à sa situation, abandonner son emploi, sacrifier ce désir d’être utile aux hommes qu’il croyait possible de réaliser dans sa situation présente, et surtout dans l’avenir. Pour se résoudre à cela, il lui eut fallu avoir la ferme conviction d’être dans le vrai. Il avait cette conviction, comme l’a forcément tout homme de bon sens de notre temps, qui possède quelques notions d’histoire, qui connaît l’origine des religions, en général, et la scission de l’Église chrétienne, en particulier. Il ne pouvait ignorer qu’il était dans le vrai, en niant la doctrine ecclésiastique officielle. Mais sous la pression de la vie ambiante, cet homme loyal se laissait séduire par le raisonnement qui consiste à dire que pour affirmer l’irrationalité de ce qui est irrationnel, il faut d’abord l’étudier. Et ce petit mensonge l’avait conduit vers le grand mensonge dans lequel, maintenant, il se trouvait enlisé.

En se posant la question sur la justesse de