Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/184

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— Et lui aussi a été pour le rejet ? demanda Mariette avec une sincère compassion. Mais c’est affreux, et comme je la plains ! ajouta-t-elle avec un soupir.

Il fronça les sourcils, désireux de changer de conversation, parla de Choustova, qui, détenue dans la forteresse, venait enfin d’être mise en liberté, sur sa demande. Après avoir remercié Mariette de son entremise près de son mari, il allait dire combien il était affreux de penser au long martyre de cette pauvre fille et des siens, et cela uniquement parce qu’il n’y avait personne pour s’intéresser à elle ; mais Mariette l’interrompit, exprimant elle-même toute son indignation :

— Ne m’en parlez pas ? s’écria-t-elle. Aussitôt que j’ai su par mon mari qu’on pouvait la relâcher, j’ai eu la même pensée que vous. Pourquoi l’a-t-on détenue, puisqu’elle était innocente ? répéta-t-elle ainsi la pensée de Nekhludov. C’est révoltant ! C’est indigne !

La comtesse Catherine Ivanovna remarqua le manège de coquetterie de Mariette avec son neveu et s’en amusa.

— Une idée ! fit-elle, quand ils se turent : viens demain soir chez Aline. Kiseweter y sera. Et toi aussi, dit-elle à Mariette. Il vous a remarqué, dit-elle à son neveu. Il dit que tout ce dont tu m’as parlé et dont je l’ai entretenu, est un excellent signe et que certainement tu ne tarderas pas à