Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/186

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— Non, il vaut mieux commencer par le Théâtre-Français et se repentir ensuite, dit Mariette.

— Allons ! ne vous moquez pas de moi. Le prêche est le prêche, le théâtre est le théâtre. Il n’est point nécessaire, pour faire son salut, d’avoir la mine longue d’une archine et de pleurer sans cesse. Il faut avoir la foi, et alors tout devient joyeux.

— Mais, ma tante, vous prêchez mieux que n’importe quel missionnaire.

— J’y songe, fit Mariette après un instant de réflexion. Venez demain dans ma loge.

— Je crains de n’avoir pas le temps…

Le valet de chambre interrompit la conversation en venant annoncer un visiteur. C’était le secrétaire d’une œuvre de bienfaisance dont la comtesse était présidente.

— Oh ! C’est un homme insupportable ! Je vais aller un instant le recevoir, à côté, et je reviendrai auprès de vous. Mariette, sers-lui du thé, dit la comtesse en quittant la grande salle de son pas rapide, avec un balancement des hanches.

Mariette ôta un de ses gants et découvrit une main petite, énergique, plate, à l’annulaire chargé de bagues.

— Voulez-vous ? demanda-t-elle, en passant sa main, le petit doigt écarté, sur la théière d’argent chauffée à l’alcool.

Son visage devint grave et triste.