Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/219

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mais une lumière vague, triste, factice, indiscrète, ainsi, dans l’âme de Nekhludov n’existaient plus les reposantes ténèbres de l’ignorance.

Tout était clair. Il était clair que tout ce que l’on tient pour important et bon est insignifiant ou vil, et que tout cet éclat, tout ce luxe, recouvrent des crimes anciens, habituels, qui non seulement sont impunis mais triomphent et resplendissent de tous les attraits que savent inventer les hommes.

Nekhludov eût voulu oublier, ne pas voir, mais cela lui était impossible. Bien que ne voyant pas la source de la lumière qui éclairait son entendement, de même qu’il ne voyait point la source de la lumière répandue sur Pétersbourg, quoique vague, triste, factice, il lui était cependant impossible de ne pas voir ce que lui révélait cette lumière. Et il en ressentait à la fois de la joie et de l’inquiétude.