Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/248

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niers où se trouve la femme envers laquelle je me sens coupable, dit Nekhludov.

— J’ai même entendu dire qu’il s’agissait de faire plus que de l’accompagner.

— Oui, de l’épouser, si toutefois elle le désire.

— Ah vraiment ! Mais si cela ne vous est pas désagréable, expliquez-moi les raisons, je ne les comprends pas.

— Les raisons, les voici : c’est que cette femme… son premier pas dans la débauche… Nekhludov, et il n’en était que plus irrité, n’arrivait pas à s’exprimer comme il l’eût voulu.

— La raison, c’est que je suis le coupable, et que c’est elle qui est punie.

— Si on l’a punie, c’est probablement qu’elle n’était pas non plus innocente.

— Elle est absolument innocente.

Et Nekhludov, avec une agitation excessive, raconta toute l’affaire.

— Oui, négligence du président, et, conséquemment, irréflexion dans la réponse des jurés. Mais pour les cas pareils, il y a le Sénat.

— Le Sénat a rejeté le pourvoi.

— C’est que les motifs de cassation étaient insuffisants, répartit Ignace Nikiforovitch, partageant évidemment l’avis, très répandu, que la vérité, c’est le résultat des débats judiciaires. Le Sénat n’a pas à examiner les affaires quant au fond. Mais