Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/307

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le coupé dans lequel on avait fait monter la princesse Kortchaguine. Les autres voyageurs étaient déjà installés à leurs places. Quelques retardataires couraient en frappant du talon le plancher du quai. Les conducteurs fermaient les portières, invitant les voyageurs à monter et ceux qui ne partaient pas à se retirer.

Nekhludov entra dans le wagon puant et embrasé par le soleil et ressortit aussitôt sur la plate-forme.

Accompagnée d’Agraféna Petrovna, Nathalie Ivanovna, dans son chapeau à la mode et sa pèlerine, se tenait debout sur le quai, cherchant quelque chose à dire sans y arriver. Elle ne pouvait pas dire : « écrivez » parce que depuis longtemps elle et son frère se moquaient de cette phrase habituelle au départ. Les quelques mots dits sur la question d’argent et d’héritage avaient détruit d’un coup les relations tendres, fraternelles, qui s’étaient établies entre eux. Maintenant ils se sentaient étrangers l’un à l’autre, et Nathalie Ivanovna éprouva un certain soulagement quand le train s’ébranla et qu’elle put dire à son frère, avec un signe de tête et un visage affectueusement triste : « Adieu, adieu, Dmitri ! » Mais dès qu’eut disparu le wagon, elle songea à la façon dont elle raconterait à son mari son entretien avec son frère, et son visage devint sérieux et soucieux.

De son côté, Nekhludov, bien que n’éprouvant