Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/404

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l’union des travailleurs, principalement des paysans ; quand il était en prison, il n’en continuait pas moins à agir de façon énergique et pratique pour conserver des relations avec le monde extérieur et organiser la vie, moins pour lui que pour son groupe, aussi bien que possible dans les conditions données. Il était avant tout communiste. Lui-même semblait n’avoir besoin de rien, et un rien lui suffisait ; mais pour sa communauté, pour ses camarades, il exigeait beaucoup et pouvait travailler, soit manuellement, soit intellectuellement, au point d’en oublier de manger et de dormir. Vrai paysan, il était naturellement laborieux, adroit de ses mains, sobre, aimable, attentif non seulement aux sentiments, mais aux opinions des autres. Sa vieille mère, une veuve illettrée, superstitieuse, vivait encore, et Nabatov l’aidait et allait la voir quand il était en liberté. Alors il entrait dans tous les détails de sa vie, la secondait dans ses travaux, fréquentait ses anciens camarades, de jeunes paysans, fumait avec eux du tabac grossier dans une pipe de gros carton, se battait avec eux et leur expliquait comment tous étaient trompés et comment ils devaient se délivrer du mensonge dans lequel on les tenait. Lorsqu’il pensait et parlait de ce que donnera la révolution au peuple, il s’imaginait toujours ce peuple dont il était sorti, gardant presque les anciennes conditions de vie en y ajoutant seu-