Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/420

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dirigée en partie vers la réalisation d’un but déterminé par le sentiment et en partie vers la justification des actes provoqués par le sentiment.

Toute l’activité révolutionnaire de Novodvorov, bien qu’il sût la présenter avec éloquence et l’appuyer d’arguments convaincants, apparaissait à Nekhludov comme uniquement fondée sur l’ambition et le désir de dominer les autres. Grâce à sa faculté de s’assimiler les pensées d’autrui et de les transmettre fidèlement, dans la période de ses études, parmi les professeurs et les étudiants, où cette capacité est fort appréciée, au collège, à l’Université, dans l’enseignement, il était le premier et s’était senti parfaitement satisfait. Mais une fois ses études achevées, son diplôme reçu, cette situation avait cessé et alors, comme le racontait à Nekhludov, Kriltsov, qui n’aimait pas Novodvorov, pour dominer dans un nouveau milieu, il avait brusquement changé d’opinions, et, de libéral progressiste, était devenu un révolutionnaire rouge. L’absence complète, en lui, des qualités morales et esthétiques qui engendrent le doute et l’hésitation, lui avait permis d’acquérir rapidement, dans le monde révolutionnaire, la place de chef de parti, qui satisfaisait son amour-propre. Une fois sa direction choisie, il n’hésitait plus, c’est pourquoi il avait la certitude de ne pas se tromper. Tout lui semblait extraordinairement simple, clair et indiscutable. Et, avec l’étroitesse