Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/444

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Troisièmement, leur vie étant constamment menacée, sans parler des cas exceptionnels tels que les insolations, les noyades, l’incendie, les maladies épidémiques, les mauvais traitements, si fréquents dans les lieux de détention, ils se trouvent dans cet état où l’homme le meilleur, le plus moral, commet, par instinct de conservation, les actes les plus cruels et les excuse chez les autres. Quatrièmement, ces hommes sont obligés de subir la promiscuité de créatures exceptionnellement perverties surtout par ces mêmes institutions : des débauchés, des assassins, des malfaiteurs, qui agissent comme le levain dans la pâte sur tous ces hommes encore incomplètement dépravés par les moyens répressifs employés à leur égard. Cinquièmement, à tous ces hommes qui ont subi ce traitement, on inculque par les moyens les plus convaincants, c’est-à-dire par les actes les plus cruels exercés sur eux-mêmes : par le martyre des enfants, des femmes, des vieillards ; par la bastonnade, par les primes accordées à ceux qui aident à capturer les fuyards ; par la séparation des époux et l’union forcée des femmes avec des hommes étrangers ; par la fusillade, par la pendaison, par tout cela on leur inculque de la façon la plus convaincante que les violences, les cruautés de toutes sortes, non seulement ne sont pas interdites mais même sont autorisées par le gouvernement quand cela lui est avantageux. Par conséquent cela doit être