Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/480

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humides, un ventre gros et tombant, des mains blanches et soignées, ornées de bagues, et un sourire aimable. Ce gouverneur était très apprécié du maître de la maison, parce que lui seul, parmi tant de concussionnaires, ne prenait pas de pots de vin ; et la maîtresse de la maison tenait à lui, parce que, aimant la musique et étant très bonne pianiste, elle avait trouvé en lui un bon musicien qui jouait avec elle à quatre mains. Nekhludov était en si bonne disposition que même cet homme, aujourd’hui, ne lui déplaisait pas non plus.

L’aide de camp, énergique, joyeux, le menton rasé, bleuâtre, offrant à tous propos ses services, l’attirait par son air bon enfant.

Mais l’impression la plus agréable qu’éprouva Nekhludov, lui fut donnée par le jeune couple : la fille du général et son mari. Cette jeune femme n’était pas jolie, mais paraissait ingénue et tout absorbée par ses deux premiers enfants. Son mari, qu’elle avait épousé par amour, après une longue résistance de ses parents, était licencié de la Faculté de Droit de Moscou. C’était un fonctionnaire d’opinion libérale, modeste, intelligent. Il s’occupait de statistique, surtout de celle des aborigènes, qu’il étudiait et aimait, et qu’il s’efforçait de sauver de la disparition progressive. Tout ce monde se montrait non seulement affectueux et aimable à l’égard de Nekhludov, mais même visiblement heureux de le voir, comme une personne nou-