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II

Le roman Résurrection resta longtemps dans les tiroirs de Tolstoï qui n’y travailla qu’à de grands intervalles. Dans la décade des années 80, A.-F. Coni, un juriste russe très connu, à cette époque procureur général près de la Cour de cassation, raconta un jour à L.-N. Tolstoï une affaire judiciaire qui l’intéressa si vivement qu’il demanda à Coni l’autorisation d’en faire un sujet de roman. Tolstoï, à plusieurs reprises, se mit à écrire ce roman, mais il l’abandonnait aussitôt. En lui, l’artiste qui a besoin d’un travail créateur, esthétique, luttait avec le moraliste, qui considère comme un devoir de donner toutes ses forces, tout son temps à la « seule chose nécessaire » : servir les hommes et se perfectionner soi-même.

Le moraliste eût probablement vaincu en lui l’artiste, si une autre force n’était venue faire