Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/307

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sonnés depuis déjà sept mois, et leurs familles, restées sans chefs. On ne pouvait rien pour eux. Ils étaient internés dans la prison de Kraznoslobotsk et leurs familles tâchaient à se tirer d’affaire sans eux. On ne pouvait prier personne. Ivan Mironovitch lui-même, déclara qu’il ne pouvait se charger de telles démarches, que ce n’était pas l’affaire de la commune, qu’il ne s’agissait pas d’une affaire civile mais d’une affaire criminelle. Les paysans restèrent en prison et personne ne tenta rien en leur faveur.

Mais seule la famille de Mikhaïl Guerrasimitch, surtout la vieille femme Tikhonovna, ne pouvait se faire à l’idée que son trésor, son vieux Guerrasimitch était en prison, le crâne rasé. Elle pria Mironovitch d’intervenir. Il refusa. Alors elle résolut d’aller elle-même prier Dieu pour son vieux. Depuis une année déjà elle avait promis d’aller prier les reliques des saints, mais toujours, faute de temps et peu désireuse de confier le ménage à ses jeunes brus, elle remettait à l’année prochaine.

Mais quand arriva le malheur, quand Guerassimitch fut mis en prison, elle se rappela sa promesse, laissa là le ménage et, avec la femme du diacre de leur village, se prépara à partir en pèlerinage. Elles allèrent d’abord à la ville du district, à la prison où était le vieux, et lui remirent des chemises ; de là, en traversant le chef-lieu, elles se rendirent à Moscou.