Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/177

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main : — Croyez que je souffre autant que vous, mais soyez homme.

— Vraiment, je m’en irai ? — demanda Pierre en regardant doucement Anna Mikhaïlovna, à travers les lunettes.

Ah ! mon ami, oubliez les torts qu’on a pu avoir envers vous, pensez que c’est votre père… peut-être à l’agonie. — Elle soupira. — Je vous ai de suite aimé comme mon fils. Fiez-vous à moi, Pierre, je n’oublierai pas vos intérêts.

Pierre ne comprenait rien et de nouveau il était encore plus convaincu que tout cela devait être ainsi, et il obéissait à Anna Mikhaïlovna qui déjà ouvrait la porte.

La porte donnait dans l’antichambre. Dans un coin se tenait le vieux serviteur des princesses ; il tricotait un bas. Pierre, qui n’était jamais venu dans cette partie de l’hôtel, ne soupçonnait pas même l’existence de ces chambres. Anna Mikhaïlovna demanda à une femme de chambre qui passait devant elle, portant une carafe sur un plateau (en l’appelant ma chère et ma colombe), comment allaient les princesses, et entraîna Pierre plus loin dans le couloir dallé. La première porte à gauche du couloir conduisait aux chambres des princesses. La femme de chambre qui portait la carafe, dans sa hâte, (en ce moment, tout dans la maison se faisait en hâte), n’avait pas fermé la porte et Pierre et Anna Mikhaïlovna, en passant,