Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/191

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villon, se tranquillisa d’un côté, en songeant que maintenant leur fortune allait se rétablir, de l’autre, elle s’inquiétait de l’effet produit sur son fils. Plusieurs fois, sur la pointe des pieds, elle s’approcha de sa porte, pendant qu’il fumait une pipe après l’autre.

Le lendemain, le vieux comte appela son fils et lui dit avec un sourire timide :

— Sais-tu, mon ami, que tu t’es emporté en vain ? Mitenka m’a tout raconté.

— « Je savais bien qu’ici, dans ce monde d’imbéciles, je ne comprendrais rien, » pensait Nicolas.

— Tu t’es fâché parce qu’il n’a pas inscrit ces sept cents roubles. Ils sont inscrits en report à l’autre page, tu ne l’as pas regardée.

— Papa, c’est un filou et un voleur ; ça, je le sais. Ce que j’ai fait est fait, mais si vous le voulez, je ne dirai plus rien.

— Non, mon ami. (Le comte était gêné. Il sentait qu’il avait mal géré les biens de sa femme et qu’il était coupable envers ses enfants, mais il ne savait comment y remédier.) Non, je te prie de t’occuper des affaires. Je suis vieux, moi…

— Non, papa, pardonnez-moi, si je vous ai contrarié, je sais moins que vous.

— « Que le diable les emporte, ces paysans, cet argent, ces reports ! pensa-t-il. Doubler le sixième pli, je le comprenais encore autrefois, mais le re-