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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/20

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André s’appuya sur la fenêtre. Ses yeux s’arrêtèrent sur ce ciel.

La chambre du prince André était à l’étage du milieu. La chambre au-dessus de lui était habitée, et là encore on ne dormait pas. Il entendit en haut une conversation de femmes.

— Encore une fois seulement, dit une voix de femme que le prince André reconnut immédiatement.

— Mais quand dormiras-tu ? répondit une autre voix.

— Je ne dormirai pas, je ne puis pas dormir. Qu’y puis-je ! Eh bien ! pour la dernière fois…

Deux voix de femmes chantaient une phrase musicale qui était la fin d’un morceau.

— Ah ! quel charme ! Eh bien, maintenant, dormons ; c’est fini !

— Dors ; moi, je ne peux pas, — prononçait la première voix qui s’approchait de la fenêtre. La femme, évidemment s’était mise à la fenêtre, car on entendait le froufrou de sa robe et même sa respiration. Tout se taisait et se pétrifiait, la lune, sa lumière et les ombres.

Le prince André, aussi, avait peur de se mouvoir et de trahir son indiscrétion involontaire.

— Sonia ! Sonia ! dit de nouveau la première voix. Eh bien ! comment peut-on dormir ! Mais regarde, quelle merveille. Ah ! quelle merveille ! Mais réveille-toi donc, Sonia, fit-elle presque