Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/216

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pait déjà l’arçon de la selle pour descendre et achever le loup, quand tout-à-coup, de cette masse de chiens, émergea la tête de la bête ; ensuite ses pattes de devant s’appuyèrent au bord de la fondrière. Le loup claquait des dents (Karaï ne le serrait plus par la gorge) ; il bondit sur ses pattes de derrière, hors de la fondrière, derechef, se sépara des chiens qu’il dépassa. Karaï, le poil ébouriffé, probablement blessé, faisait de grands efforts pour sortir de la fondrière.

— Mon Dieu ! Pourquoi ?… cria désespérément Nicolas.

De l’autre côté les chasseurs de l’oncle galopaient en travers du loup et les chiens l’arrêtèrent de nouveau, il était encore une fois entouré.

Nicolas, son valet de chasse, l’oncle et son veneur tournaient autour de la bête en criant : vélaut ! vélaut ! Ils se tenaient prêts à descendre quand le loup s’asseyait sur le derrière, et avançaient chaque fois que le loup se rapprochait de la lisière qui devait le sauver.

Dès le commencement de cette course, Danilo en entendant : vélaut ! vélaut ! était sorti à la lisière de la forêt. Il vit Karaï saisir le loup, et supposant l’affaire terminée, il arrêta son cheval. Mais comme les chasseurs ne descendaient pas, le loup se secoua et de nouveau s’apprêta à fuir. Danilo ne lança pas son cheval dans la direction du loup, mais en ligne droite vers la forêt, afin,