Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/231

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domestiques de l’oncle à un tel degré que plusieurs, sans se gêner de sa présence, s’approchèrent pour la regarder dans les yeux, et devant elle faisaient leurs observations comme sur un phénomène qu’on montre et qui ne peut entendre ni comprendre ce qu’on dit de lui :

— Arinka, regarde donc, elle est assise de côté… Elle est assise et sa jupe penche… Et une corne aussi !

— Mes aïeux ! un couteau !

— En voilà une Tatare.

— Comment n’es-tu pas tombée ? demanda la plus hardie en s’adressant à Natacha.

L’oncle descendit de cheval près du perron de la maison de bois entourée d’un jardin, et, ayant regardé ses domestiques, il cria impérieusement que ceux qui étaient de trop s’en allassent, et qu’on fit tout le nécessaire pour recevoir les invités de la chasse.

Tous se dispersèrent. L’oncle fit descendre de cheval Natacha et lui fit monter les marches en planches branlantes du perron. La maison, non tapissée, où l’on apercevait les poutres formant le mur, n’était pas très propre. On ne voyait pas que le but des gens qui l’habitaient consistât en ce qu’il n’y eût pas de taches, mais on n’y remarquait pas non plus l’abandon. Une odeur de pommes fraîches emplissait le vestibule ; des peaux de loups et de renards y étaient appendues.