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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/317

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Quand on passa au salon pour prendre le café, les vieux s’assirent ensemble.

Le prince Nicolas Andréiévitch s’anima davantage et exprima son opinion sur la future guerre. Il dit que nos guerres avec Bonaparte seraient malheureuses tant que nous chercherions l’alliance allemande et nous mêlerions des affaires de l’Europe, à quoi nous a entraînés la paix de Tilsitt, et qu’il ne nous fallait faire la guerre ni pour ni contre l’Autriche. « Notre politique est toute orientale ; avec Bonaparte il ne fallait qu’une chose : armer la frontière, être ferme en politique ; avec cela jamais il n’aurait franchi la frontière russe en 1807.»

— Oh ! prince, est-ce que nous pouvions faire la guerre contre les Français ? dit le comte Rostoptchine. Est-ce que nous pouvons nous armer ? Regardez : notre jeunesse, nos dames, nos dieux sont les Français ; notre royaume céleste, Paris. Il commençait à parler plus haut, afin que tous l’entendissent. Des toilettes françaises, des pensées françaises, des sentiments français. Voilà, vous avez chassé Métivier parce que c’est un Français et un lâche, et nos dames se traînent derrière lui à genoux. Hier j’étais en soirée, alors cinq dames ont paru : trois sont catholiques et avec la permission du pape brodent le dimanche et elles-mêmes sont presque nues, comme les enseignes de bain, sauf votre respect. Eh ! prince, quand je