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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/320

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Pierre se trouvait dans l’humeur agréable de l’après-dîner. Il regardait devant lui et souriait doucement.

— Connaissez-vous ce jeune homme depuis longtemps ?

— Qui ?

— Droubetzkoï.

— Non, récemment.

— Vous plaît-il ?

— Oui, c’est un jeune homme agréable… Pourquoi me demandez-vous cela ? dit la princesse Marie en continuant à penser à sa conversation du matin avec son père.

— Parce que j’ai fait une observation. D’ordinaire, les jeunes gens viennent de Pétersbourg à Moscou pour faire un riche mariage.

— Vous avez fait cette observation ?

— Oui, continua Pierre avec un sourire, le jeune homme s’arrange de façon à aller partout où il y a un riche parti. Moi, je lis en lui comme en un livre. Il hésite maintenant où commencer l’attaque : vous ou mademoiselle Julie Karaguine. Il est très assidu auprès d’elle.

— Il va chez eux ?

— Oui, très souvent. Vous connaissez cette nouvelle manière de faire la cour ? dit Pierre avec un sourire gai, se trouvant évidemment dans cette disposition à la raillerie qu’il se reprochait souvent dans son journal.