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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/336

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elle renvoya tout le monde de la chambre, sauf Natacha, et approcha sa favorite de sa chaise.

— Eh bien, maintenant, causons. Je te félicite pour tes fiançailles. Tu as attrapé un bon gaillard ! Je suis heureuse pour toi, et lui, je l’ai connu quand il avait cet âge (elle désignait une archine du sol). — Natacha rougit joyeusement. — Je l’aime et j’aime toute sa famille. Maintenant, écoute : tu sais que le vieux prince n’a pas grand désir que son fils se marie. Un vieil entêté. Sans doute le prince André n’est pas un enfant, il se passera de son consentement. Mais entrer dans la famille contre son désir, ce n’est pas bien. Il faut que ce soit avec la paix, avec l’amour. Tu es intelligente, tu pourras t’arranger comme il faut. Tu t’y prendras avec douceur, intelligence, et voilà, tout ira bien.

Natacha se taisait, par gêne pensait Maria Dmitrievna, mais en réalité il lui était désagréable qu’on s’immisçât dans son amour pour le prince André, qui lui semblait quelque chose de différent de toute autre affaire humaine, et, qu’à son avis, personne ne pouvait comprendre. Elle seule connaissait et aimait le prince André, il l’aimait et devait arriver ces jours-ci et l’épouser. Il ne lui fallait rien de plus.

— Vois-tu, je le connais depuis longtemps, et j’aime Machenka, ta future belle-sœur. Les belles-sœurs sont méchantes, mais celle-ci ne ferait pas de mal à une mouche. Elle m’a demandé