Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/86

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qu’elle apprit son arrivée, toute rouge, elle courut presque au salon, éclairée d’un sourire plus que tendre.

Boris se rappelait cette Natacha en robe courte, aux yeux noirs brillants, sans frisures, avec un rire sonore d’enfant, qu’il avait connue quatre ans auparavant, et c’est pourquoi, lorsqu’entra une Natacha tout autre, il devint confus et son visage exprima l’étonnement enthousiaste. Cette expression de son visage réjouit Natacha.

— Quoi ! Tu ne reconnais pas ta petite amie endiablée, dit la comtesse.

Boris baisa la main de Natacha et dit son étonnement du changement qui s’était opéré en elle.

— Comme vous avez embelli !

— « Sans doute ! » répondirent les yeux souriants de Natacha. — Et papa, a-t-il vieilli ? demanda-t-elle.

Natacha s’assit, et, sans se mêler à la conversation de Boris avec la comtesse, elle observait en silence, jusqu’aux moindres détails, son fiancé d’enfance.

Il sentait son tendre regard obstiné, et de temps en temps la regardait.

L’uniforme, les éperons, la cravate, la coiffure de Boris, tout était à la dernière mode et comme il faut. Natacha le remarqua immédiatement. Il était assis un peu de côté, dans un fauteuil, près de la comtesse, et ajustait de sa main droite le gant le