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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/219

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ne savait plus que faire ; elle se sentait bien coupable à l’égard de Kitty.

« Eh bien, docteur, décidez de notre sort : dites-moi tout. — Y a-t-il encore de l’espoir ? voulait-elle dire, mais ses lèvres tremblèrent, et elle s’arrêta.

— Je serai à vos ordres, princesse, après avoir conféré avec mon collègue. Nous aurons alors l’honneur de vous donner notre avis.

— Faut-il vous laisser seuls ?

— Comme vous le désirerez. »

La princesse soupira et sortit.

Le médecin de la famille émit timidement son opinion sur un commencement de disposition tuberculeuse, car, etc., etc. Le célèbre docteur l’écouta et, au milieu de son discours, tira de son gousset sa grosse montre d’or.

« Oui, dit-il, mais… »

Son confrère s’arrêta respectueusement.

« Vous savez qu’il n’est guère possible de préciser le début du développement tuberculeux ; avant l’apparition des cavernes il n’y a rien de positif. Dans le cas actuel, on ne peut que redouter ce mal, en présence de symptômes tels que mauvaise alimentation, nervosité et autres. La question se pose donc ainsi : Qu’y a-t-il à faire, étant donné qu’on a des raisons de craindre un développement tuberculeux, pour entretenir une bonne alimentation ?

— Mais vous savez bien qu’il se cache ici quelque cause morale, se permit de dire le médecin de la maison avec un fin sourire.