devant la volaille. Depuis le dîner, nous en avons bien rangé la moitié, ajouta-t-il en montrant du doigt la meule qu’on défaisait. — Est-ce la dernière ? cria-t-il à un jeune homme debout sur le devant d’une télègue, qui passait près d’eux en agitant les brides de son cheval.
— La dernière, père ! — répondit le paysan en souriant ; et, se tournant vers une femme fraîche et animée, assise dans la charrette, il fouetta son cheval.
— C’est ton fils ? demanda Levine.
— Mon plus jeune, répondit le vieux avec un sourire caressant.
— Le beau garçon !
— N’est-ce pas !
— Et déjà marié ?
— Oui, il y a deux ans, à la Saint-Philippe.
— A-t-il des enfants ?
— Des enfants ! ah bien oui ! il a fait l’innocent pendant plus d’un an ; il a fallu lui faire honte… Pour du foin, c’est du foin, » ajouta-t-il, désireux de changer de conversation.
Levine regarda avec attention le jeune couple chargeant non loin de là leur charrette ; le mari, debout, recevait d’énormes brassées de foin qu’il rangeait et tassait ; sa jeune compagne les lui tendait d’abord avec les bras, ensuite avec une fourche ; elle travaillait gaiement et lestement, se cambrant en arrière, avançant sa poitrine couverte d’une chemise blanche retenue par une ceinture rouge. La