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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/243

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— A-t-on apporté quelque chose ? demanda le petit garçon après un moment de silence.

— Oh oui, monsieur, dit à demi-voix le suisse en hochant la tête, il y a quelque chose de la part de la comtesse. »

Serge comprit qu’il s’agissait d’un cadeau pour son jour de naissance.

« Que dis-tu ? où ?

— Korneï l’a porté chez papa, ce doit être une belle chose !

— De quelle grandeur ? Comme ça ?

— Plus petit, mais c’est beau.

— Un livre ?

— Non, c’est quelque chose. Allez, allez, Wassili Loukitch vous appelle, dit le suisse, entendant venir le précepteur et dégageant doucement la petite main gantée qui le tenait à la ceinture.

— Dans une minute, Wassili Loukitch », dit Serge avec ce sourire aimable et gracieux dont le sévère précepteur subissait lui-même l’influence.

Serge était joyeux, et tenait à partager avec son ami le suisse un bonheur de famille que venait de lui apprendre la nièce de la comtesse Lydie pendant leur promenade au Jardin d’été. Cette joie lui paraissait encore plus grande depuis qu’il y joignait celle du tchinovnik et du cadeau ; « en ce beau jour, tout le monde devait être heureux, » pensait-il.

« Sais-tu ? Papa a reçu l’ordre d’Alexandre Newsky.

— Comment ne le saurais-je pas ? on est déjà venu le féliciter.