Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Jamais ; je suis prêt si tu veux à ne pas dormir de la nuit.

— Ah oui, vous en êtes capable, dit Dolly avec une certaine ironie, aussi bien que d’empêcher le sommeil des autres. Pour moi, qui ne soupe pas, je me retire.

— Non, Dolly, s’écria Stépane Arcadiévitch, allant s’asseoir auprès de sa femme, reste un moment encore, j’ai tant de choses à te raconter. Sais-tu que Weslowsky a vu Anna ? Elle habite à 70 verstes d’ici seulement ; il ira chez elle en nous quittant ; je compte y aller aussi.

— Vraiment, vous avez été chez Anna Arcadievna ? » demanda Dolly à Vassinka qui s’était rapproché des dames et s’était placé à côté de Kitty à la table du souper.

Levine, tout en causant avec la princesse et Warinka, s’aperçut de l’animation de ce petit groupe ; il crut à un entretien mystérieux, et la physionomie de sa femme en regardant la jolie figure de Vassinka lui sembla exprimer un sentiment profond.

« Leur installation est superbe, racontait celui-ci avec vivacité, et l’on se sent à l’aise chez eux. Ce n’est pas à moi de les juger.

— Que comptent-ils faire ?

— Passer l’hiver à Moscou, je crois.

— Ce serait charmant de se réunir là-bas. Quand y seras-tu ? demanda Oblonsky au jeune homme.

— En juillet.

— Et toi ? demanda-t-il à sa femme.