Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/361

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— Bien volontiers, dit Dolly, se rappelant son entretien avec Karénine ; mais comment n’y songe-t-elle pas d’elle-même ? — pensa-t-elle. Et le clignement d’yeux d’Anna lui revint à l’esprit ; cette habitude nouvelle lui sembla coïncider avec des préoccupations intimes qu’elle cherchait peut-être à éloigner d’elle, à effacer complètement de sa vue si c’était possible.

— Oui, certainement, je lui parlerai », répéta Dolly, répondant au regard reconnaissant de Wronsky. Et ils se dirigèrent vers la maison.


CHAPITRE XXII


« Le dîner va être servi, et nous nous sommes à peine vues, dit Anna en rentrant, cherchant à lire dans les yeux de Dolly ce qui s’était passé entre elle et Wronsky. Je compte sur ce soir ; et maintenant il faut changer de toilette, car nous nous sommes salies dans notre visite à l’hôpital. »

Dolly sourit : elle n’avait apporté qu’une robe ; mais, pour opérer un changement quelconque à sa toilette, elle attacha un nœud à son corsage, mit une dentelle dans ses cheveux, et se fit donner un coup de brosse.

« C’est tout ce que j’ai pu faire, dit-elle en riant à Anna, lorsque celle-ci vint la chercher après avoir revêtu une troisième toilette.

— Nous sommes très formalistes ici, dit Anna pour excuser son élégance ; Alexis est ravi de ton arrivée, je crois qu’il s’est épris de toi. »