chanté de sa personne, d’humeur égale avec ses supérieurs, simple et bon enfant avec ses égaux, froidement bienveillant envers ses inférieurs, mais gardant toujours l’aisance et les façons d’un « gentleman ». Wronsky se comportait exactement de même, et s’en était fait un mérite jusque-là ; mais comme il jouait auprès du prince un rôle inférieur, ces airs dédaigneux l’exaspérèrent. « Quel sot personnage ! est-il possible que je lui ressemble ! » pensait-il. Aussi, au bout de la semaine, fut-il soulagé de quitter ce miroir incommode sur le quai de la gare, où le prince, en partant pour Moscou, lui adressa ses remerciements. Ils revenaient d’une chasse à l’ours, et la nuit s’était passée à donner une brillante représentation de l’audace russe.
CHAPITRE II
Wronsky trouva en rentrant chez lui un billet d’Anna : « Je suis malade et malheureuse, écrivait-elle ; je ne puis sortir et ne puis me passer plus longtemps de vous voir. Venez ce soir, Alexis Alexandrovitch sera au conseil de sept heures à dix. »
Cette invitation, faite malgré la défense formelle du mari, lui sembla étrange ; mais il finit par décider qu’il irait chez Anna.
Depuis le commencement de l’hiver, Wronsky était colonel, et depuis qu’il avait quitté le régi-