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UNE EXPÉDITION

des pleurs désespérés, tantôt à des rires ; l’uniforme chanson des cri-cris, des grenouilles, des cailles, un grondement indéfinissable qui allait se rapprochant, et toute cette vie nocturne, presque imperceptible, de la nature, qu’on ne saurait ni comprendre ni exprimer : tout se fondait en un seul son, ce son plein et harmonieux que nous appelons le silence de la nuit. Ce silence alternait ou plutôt se mariait avec le pas sourd des sabots, et le frôlement des hautes herbes au passage du détachement.

Parfois seulement, le bruit d’un lourd canon, le cliquetis des baïonnettes entrechoquées, des voix étouffées et les ébrouements des chevaux.

La nature respirait une beauté, une puissance apaisantes.