Page:Tolstoï - De la vie.djvu/23

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guider dans ces expériences et ces recherches non point par les idées généralement admises mais par des idées conventionnelles, et en exposer les résultats au moyen de mots auxquels on peut attribuer diverses significations, — n’est-ce pas encore pis ? La meilleure pharmacie peut causer le plus grand mal si les étiquettes des flacons sont collées non pas d’après leur contenu, mais d’après la fantaisie de l’apothicaire.

Mais, me dira-t-on, la science positive n’a pas pour but l’étude de tout l’ensemble de la vie (y compris la volonté, l’aspiration au bien et le monde spirituel) ; elle sépare seulement de l’idée de vie les phénomènes soumis à ses expériences et à ses investigations.

S’il en était ainsi, ce serait parfaitement légitime. Mais nous savons que les savants de notre époque ne l’entendent pas ainsi. Si l’on admettait en principe la conception de la vie dans sa signification essentielle, telle que tous la comprennent, et si l’on établissait clairement que la science positive, faisant abstraction de tous les côtés de cette conception à l’exception d’un seul, qui est susceptible d’être observé, n’examine les phénomènes que de ce seul côté en y appliquant sa méthode d’investigation, ce serait parfait et bien différent de ce qui est à présent. Mais il faut dire ce qui est, et ne pas cacher ce que nous savons tous. Ne