Page:Tolstoï - De la vie.djvu/35

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est nécessaire, c’est uniquement le bien de sa vie, c’est-à-dire son bien à lui.

Mais, voilà que pendant que l’homme n’aspire qu’à la possession de son propre bien, il commence à s’apercevoir que ce bien dépend des autres êtres. En observant et en examinant attentivement ces êtres, il constate que tous les hommes et même les animaux ont la même idée de la vie que lui-même. Chacun de ces êtres n’a conscience, comme lui, que de son existence et de son bien, ne considère comme importante et réelle que sa propre vie, tandis qu’il ne voit dans celle des autres qu’un instrument de son bonheur. L’homme s’aperçoit que chacun des êtres vivants, aussi bien que lui-même, est prêt, en vue d’assurer son bien si minime qu’il soit, à priver d’un bien plus grand et même de la vie tous les autres êtres, y compris lui-même qui raisonne de la sorte. Et après avoir compris cette vérité, l’homme se dit que s’il en est ainsi, ce dont il ne saurait douter, ce n’est plus un seul ou une dizaine d’êtres, mais un nombre infini de créatures vivantes disséminées dans le monde, qui sont prêtes à