Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/108

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très content. J’attends avec impatience une lettre de vous. Et maintenant, au revoir. Je suis vivant et sain, et vous désire la même chose, de la part du Dieu Seigneur, et je vous désire une bonne santé et bien du succès dans vos entreprises. »


Suit l’adresse : Port-Arthur, le nom du bâtiment sur lequel sert le matelot, ses nom et prénoms.


Je ne puis répondre par des mots à cet homme bon, sérieux, et vraiment éclairé. Il est à Port-Arthur avec qui il n’y a plus de communications ni par poste, ni par télégraphe. Mais cependant nous avons ensemble un moyen de communication : ce moyen, c’est Dieu auquel nous croyons tous deux, et nous savons tous deux que la guerre lui déplaît. Le doute qui est né dans son âme est déjà la solution de la question. Et ce doute est né et vit actuellement dans les âmes de milliers et de milliers d’hommes, non seulement Russes et Japonais, mais de tous ces hommes malheureux qui sont forcés par la violence de participer à l’œuvre la plus contraire à la nature humaine. L’hypnose par laquelle on étourdit et tâche d’étourdir les hommes passe vite, et son action s’affaiblit de plus en plus, et ce doute : « Plaît-il à Dieu ou