Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/119

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de la vie qui ne sont pas la conséquence d’une modification de la conscience non seulement n’améliorent pas la condition des hommes, mais, le plus souvent, l’aggravent. Ce ne sont pas les décrets du gouvernement qui ont aboli le massacre des enfants, les tortures, l’esclavage, c’est l’évolution de la conscience humaine qui a provoqué la nécessité de ces décrets ; et la vie ne s’est améliorée que dans la mesure où elle a suivi le mouvement de la conscience, c’est-à-dire dans la mesure où la loi d’amour a remplacé dans la conscience de l’homme la loi de violence.

Si les modifications de la conscience ont de l’influence sur celles des formes de la vie, il semble aux hommes que la réciproque doive être vraie, et comme il est plus agréable et plus facile (les résultats de l’activité sont plus évidents) de diriger l’activité sur des changements extérieurs, ils préfèrent toujours employer leurs forces non à modifier leur conscience mais à changer les formes de la vie, et c’est pourquoi, dans la plupart des cas, ils sont occupés non de l’essence de l’affaire, mais de son semblant. L’activité extérieure, inutile, remuante, qui consiste à établir et appliquer les formes extérieures de la vie, cache aux hommes cette activité intérieure, essentielle, du changement de leur conscience, qui seul peut améliorer leur vie. Et