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Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/270

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tre l’esclavage, il émit le principe de la lutte contre tout le mal du monde.

Ce principe proclamé par Garrison était incontestable, mais il atteignait, il détruisait même tout l’équilibre de l’ordre établi ; c’est pourquoi les hommes qui tenaient à leur situation dans l’ordre existant s’effrayèrent de cette proclamation et surtout de l’application de ce principe à la vie. Aussi tâchèrent-ils de faire taire Garrison et de le détourner de son but.

Ils espéraient y parvenir sans proclamation et sans appliquer à la vie le principe de la non-résistance au mal par la violence qui, leur semblait-il, détruisait le bon ordre de la vie humaine. Le résultat du refus de reconnaître l’illégalité de la violence fut cette guerre fratricide qui, en résolvant la question d’une façon extérieure, a introduit dans la vie du peuple ; américain un mal peut-être plus grand : la dépravation qui accompagne toute guerre.

Et l’essentiel de la question est resté sans solution. Et la même question, mais sous une autre forme, se pose maintenant pour le peuple des États-Unis.

Autrefois, la question était celle-ci : comment délivrer les nègres de la violence des propriétaires d’esclaves ? Elle est maintenant : comment délivrer les nègres de la violence de tous les