Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/14

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le vieillard remuait la tête et son cou maigre, ridé, bruni, et mâchonnait de sa bouche édentée. Aussitôt à terre, il saisit hospitalièrement la bride du cheval de Hadji Mourad, ainsi que l’étrier de droite. Mais le muride d’Hadji Mourad, un homme leste, vigoureux, sauta rapidement de son cheval, et, écartant le vieux, prit sa place. Hadji Mourad descendit de cheval, et, en boitant légèrement, s’avança sous l’auvent. À sa rencontre un garçon d’une quinzaine d’années sortit vivement sur le seuil, et, surpris, fixa sur les voyageurs ses yeux brillants et noirs comme des cassis.

— Cours à la mosquée, appelle ton père, lui ordonna le vieillard, et, devançant Hadji Mourad, il ouvrit devant lui la légère porte grinçante donnant accès à la cabane.

Au moment où Hadji Mourad franchissait le seuil, il se trouva face à face avec une femme, pas jeune, mince, maigre, vêtue d’un bechmet rouge jeté sur une chemise jaune et d’un pantalon bleu. Elle portait des coussins.

— Heureuse soit ton arrivée ! dit-elle en s’inclinant profondément, et elle se mit à disposer les coussins contre le mur de devant, afin que les visiteurs pussent s’asseoir.

— Que la vie garde tes fils ! répondit Hadji Mourad en se débarrassant de son manteau, de son fusil et de son sabre, et remettant tout cela au vieillard.

Celui-ci accrocha avec précaution le fusil et le sabre à un clou près des armes du maître, entre