Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/159

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et maugréant contre les chefs qui lui envoyaient ce diable.

Quand il fut habillé, il demanda à son ordonnance sa potion. L’ordonnance, sachant que c’était l’eau-de-vie qu’il appelait sa potion, lui en donna.

— Il n’y a pas de pire saleté, grommela-t-il, après avoir bu un verre et mangé du pain noir. Voilà, mon cher, j’ai bu du vin et j’ai mal à la tête. Eh bien, maintenant je suis prêt !

Il se rendit au salon où Boutler avait déjà fait entrer Hadji Mourad et l’officier qui l’accompagnait.

L’officier qui accompagnait Hadji Mourad remit à Ivan Matvéievitch l’ordre du commandant du flanc gauche de recevoir Hadji Mourad et de lui permettre de communiquer avec les montagnards par des émissaires, mais de ne pas le laisser sortir de la forteresse autrement qu’accompagné de cosaques.

Quand il eut achevé la lecture du papier, Ivan Matvéievitch regarda fixement Hadji Mourad, et, de nouveau, se mit à se pénétrer du sens de cet ordre. Après avoir ainsi porté plusieurs fois ses regards du papier sur Hadji Mourad, il arrêta enfin les yeux sur celui-ci et lui dit :

— « Cakchi Iek Iakchi ! » Qu’il vive ici ! Dis-lui que j’ai l’ordre de ne pas le laisser sortir et que ce qui est ordonné est sacré. Eh bien, Boutler, qu’en penses-tu, où le logerons-nous ? Dans la chancellerie ?

Avant que Boutler ait eu le temps de répondre, Marie Dmitriévna, qui était venue de la cuisine