Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/163

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lancer son cheval sur les Russes, mais les murides qui l’accompagnaient l’avaient retenu. Deux d’entre eux avaient été tués ici-même, aux côtés de Schamyl.

Il était midi quand Schamyl, entouré d’un détachement de murides qui caracolaient autour de lui, tiraient du fusil et du pistolet et criaient sans cesse : « La Iliak ! Il allah ! » s’approcha de sa demeure.

Toute la population du grand aoul Dargo se trouvait dans la rue et sur les toits, attendant son souverain, et, en signe de triomphe, tirait aussi des coups de fusil et de pistolet. Schamyl montait un cheval arabe blanc qui jouait gaîment de la bride à l’approche de la maison. Le harnachement du cheval était des plus simples, sans ornements d’or ni d’argent ; le bridon était en cuir rouge finement travaillé, avec une petite rainure au milieu ; l’étrier était de métal, et une couverture rouge passait sous la selle. L’Iman portait une pelisse recouverte de drap brun, garnie de fourrure noire au col et aux manches ; sa taille longue et fine était serrée par une courroie noire à laquelle pendait un poignard. Il portait sur la tête un haut bonnet à fond plat avec un gland noir, entouré d’un turban blanc dont le bout retombait derrière le cou. Ses pieds étaient chaussés de sandales vertes, et ses mollets entourés de guêtres noires bordées d’un simple ruban.

En général l’Iman ne portait rien de brillant, et sa haute personne droite, puissante, couverte