Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/217

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Hadji Mourad et ses hommes ne tiraient que quand quelqu’un des miliciens s’avançait, et rarement ils manquaient leur but. Trois des miliciens étaient blessés, et non seulement ils ne se décidaient pas à se jeter sur Hadji Mourad et ses hommes, mais ils reculaient de plus en plus et ne tiraient que de loin, à l’aveugle. Cela dura plus d’une heure. Le soleil était maintenant à mi-hauteur d’arbre, et Hadji Mourad songeait déjà à monter à cheval et à essayer de se frayer un chemin jusqu’à la rivière quand s’entendirent les cris d’une grande troupe de nouvelles recrues. C’était Hadji Haga, de Mektoulinsk, avec ses hommes. Ils étaient deux cents. Hadji Haga avait été autrefois l’ami de Hadji Mourad et avait vécu avec lui dans les montagnes, mais ensuite il était passé aux Russes. Avec eux se trouvait Akhmet Khan, le fils de l’ennemi de Hadji Mourad.

Hadji Haga, comme l’avait fait Karganoff, commença par crier à Hadji Mourad de se rendre. Mais cette fois encore, un coup de feu fut la réponse.

— Sabres au clair, enfants ! cria Hadji Haga, en brandissant le sien.

Et l’on entendit les voix des centaines d’hommes qui se jetaient, en criant, dans la futaie.

Les miliciens accouraient, mais, de la tranchée, l’un après l’autre, partaient des coups de fusil. Trois hommes tombèrent. Les attaquants n’allèrent pas plus avant, et à la lisière du petit