Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/265

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cette angoisse passerait. Nous approchions d’Arzamass.

— Ne vaudrait-il pas mieux attendre ici, nous nous reposerions un peu ?

— Fort bien.

— Quoi ! Y a-t-il encore loin jusqu’à la ville ?

— De la station prochaine, sept verstes.

Le postillon était un homme posé, exact, mais taciturne. Il n’allait pas trop vite mais d’une façon ennuyeuse.

Nous nous mîmes en route. Je me taisais et me sentais plus à l’aise, parce que j’entrevoyais le repos et espérais que, là-bas, tout passerait. Nous avancions dans l’obscurité. Ces sept verstes me parurent sans fin. Nous approchions de la ville. Tout le monde dormait déjà. Dans l’obscurité parurent des maisonnettes, les grelots tintaient, et les sabots des chevaux, comme cela arrive dans le voisinage des maisons, résonnaient particulièrement. Par endroits se dressaient de grandes maisons blanches. Et tout cela n’était pas gai. J’attendais le relai, le samovar, et le repos — me coucher.

Enfin nous arrivâmes à une maison à colonnes. La maison était blanche, mais elle me parut effroyablement triste, si triste que je me sentis tout angoissé. Lentement je descendis de voiture.

Serge vivement, allègrement, retira de la voiture tout ce qu’il fallait ; il courait en frappant des bottes sur le perron. Mais le bruit de ses pas décidés me causait aussi de l’angoisse. J’entrai.