Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/319

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II[1]

C’était en 1857 ; la guerre venait de se terminer. Dans la maison des Voronoff on se préparait à célébrer le mariage de la fille puînée, Barbe, avec Eugraf Lotoukhine. Ils s’étaient connus enfants, avaient joué et dansé ensemble, et maintenant lui rentrait de Sébastopol, lieutenant. Au milieu de la guerre il avait donné sa démission au ministère où il servait, pour entrer dans l’armée comme junker. Maintenant, la guerre terminée, il ne savait que décider. Il éprouvait du mépris pour le service militaire, surtout celui de la garde, et n’y voulait pas rester en temps de paix. Ses oncles l’avaient fait venir pour être aide de camp à Kieff. Un cousin germain lui proposait une situation à Constantinople ; son ancien chef le réclamait. Eugraf Lotoukhine avait beaucoup de parents et de connaissances, et tous l’aimaient, ou plutôt, on ne l’aimait pas particulièrement, mais on remarquait son absence ; on l’aimait de telle façon que, quand il paraissait quelque part, tous disaient : Ah ! voilà Eugraf ! C’est très bien ! Il ne faisait jamais de peine à personne mais était agréable à plusieurs et par les moyens les plus divers. Il avait un vrai

  1. Il y a des inconséquences et des changements de nom dans ce fragment.