Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/378

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jusqu’à Brandès, en parlant d’Anna Karénine, ont épuisé la gamme des épithètes laudatives et superlatives. Et tous ces superlatifs se résument en ceci, qu’Anna Karénine, ce n’est plus de l’art, ce n’est plus la représentation de la vie, c’est la vie même, la vie humaine palpitante et frémissante, et non pas seulement la vie extérieure, mais la vie intérieure, la vie mystérieuse de l’âme. Non, pas même Shakespeare n’a sondé le cœur humain à ces profondeurs, n’a analysé le mécanisme et le jeu délié des passions avec cette science infaillible, et n’a su dégager des passions, de leurs errements, de leurs sophismes, de leurs souffrances, la moralité qu’elles contiennent et suggèrent.

Et n’oublions pas aussi qu’Anna Karénine permet l’entrée triomphale de la littérature russe dans la culture européenne. Nulle œuvre russe ne nous fait mieux sentir et pressentir tout ce que nous apporte de dons nouveaux et inappréciables, tout ce que contient de promesses et d’avenir, cette mystérieuse et fatidique race slave que notre orgueil et notre ignorance se complaisent à reléguer dans ses steppes et dans la barbarie.


NAPOLÉON INTIME. Par Arthur-Lévy.
Introduction par François Coppée.

Parmi les innombrables livres qu’avait suscités, avant M. Lévy, la personnalité de Napoléon, presque tous